Billet N°089 A. Sartelet

De la couleur sur les portes de la ville

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Regardez attentivement cette gravure réalisée vers 1890, elle représente l’ancienne porte de Récollets, construite par Vauban vers 1680. Elle se trouvait dans l’axe du bassin de l’Arsenal (place Sourdille) percée dans le rempart qui descend la pente de la pointe de Charlemont. Un petit détail est très intéressant, cette marque ovale dans la pierre (détail ci-dessus à droite), on la remarque à peine ! C’est tout ce qui restait des armes de France effacées probablement pendant la Révolution. Ces armes devaient certainement être polychromes à l’origine comme dans bon nombre de portes du temps, il fallait montrer avec éclat qui était le nouveau maître de la cité après le départ des espagnols. La peinture ou la dorure, totale ou partielle, devait souligner les formes du blason comme sur ces exemples récemment restaurés à la porte de Paris à Lille (ci-dessous à gauche) ou à la chapelle royale de la citadelle de Bitche (ci-dessous à droite).

Alain Sartelet

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Billet N°088 A. Sartelet

Des fleurs de lys dans les rues de Givet

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C’est presque une spécialité locale ! Des fleurs de lys en fer forgé ornent certaines maisons anciennes du vieux Givet (cherchez-les !) Ce sont en fait des clés chargées de bloquer des tirants de fer maintenant la stabilité des murs et des poutres des maisons. Le choix de cet ornement si particulier n’est pas anodin bien sûr, il révèle un discret hommage des bâtisseurs à la France et à son roi dont le lys était alors l’emblème, n’oublions pas de rappeler que Givet ne devint française qu’en 1680…. D’ailleurs les maisons qui possèdent de tels ornements de fer sont toutes postérieures à l’incendie de 1675 et au rattachement à la France. Les fleurs de lys et les armes de France étaient avant la révolution des emblèmes bien visibles, au sommet des échauguettes, sur les drapeaux, panonceaux, bornes frontières et aussi au fronton des portes de la ville ou sur le maître autel de l’église Saint-Hilaire.

Alain Sartelet

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Billet N°087 A. Sartelet

Les cerfs d’or de Monsieur Wautier

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Trois têtes de cerf d’or, un anneau dans la gueule, sur champ d’azur, c’est le blason de Hilaire Wautier sur une sculpture du second couvent des Récollets de Givet, une clé d’arcade déplacée et provenant du premier couvent des Récollets (ci-dessous dessin de 1680) élevé en 1615 en bord de Meuse près de l’actuel quai André Bertrand. Ce premier couvent reçut l’aide financière de ce riche givetois qui fit sa fortune dans la fourniture d’armes du fort de Charlemont. Cette famille liée à la noblesse d’épée est à l’origine de fondations pieuses  dont la chapelle Saint-Roch de Vireux-Wallerand en 1637. Cet Hilaire Wautier était propriétaire (ou même bâtisseur) de la maison forte de Foisches.  La devise qui accompagne son blason est pour le moins étrange : « Rumine la fin » ce qui pourrait s’interpréter comme un engagement à penser sans cesse à sa mort, c’est-à-dire une « bonne mort »  bien préparée selon les enseignements de l’Eglise de l’époque. On retrouve les armoiries des Wautier sur une magnifique dalle funéraire au fort de Charlemont (ci-dessous).

Alain Sartelet

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Billet N°086 A. Sartelet

Juin 1717, le tsar de toutes les Russies à Givet

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Pierre le Grand (1672-1725) tsar de toutes les Russies resta célèbre pour la fondation de l’amitié Franco-russe, sa remarquable intelligence, son goût des réformes mais aussi sa cruauté. Grand voyageur, amateur éclairé de sciences et de navigation il vint deux fois en France, notamment en 1717 pour voir Versailles. Toujours un carnet de croquis à la main, il visita Charleville et la manufacture royale d’armes et s’y embarqua pour descendre la Meuse par Givet et Dinant pour aller ensuite jusqu’à Spa prendre les eaux. A Charleville lui et sa suite embarquèrent sur des barges spécialement aménagées et pavoisées aux armes de Russie sur ordre du Régent de France (Louis XV était encore mineur), une pour l’empereur, et cinq autres pour la Chancellerie d’Etat, les ministres, les généraux, la cuisine impériale et les domestiques. Le ravitaillement embarqué à Charleville sur la barge-cuisine laisse rêveur, chevreuils, écrevisses, saumons, dindons, jambons de Mayence…Pour avoir une idée de la splendeur des bateaux aménagés pour cet exceptionnel hôte de la France, regardez ce détail d’un tableau de Jan Beerblock (ci-dessus) montrant la barge qui servit en 1717 au voyage de l’empereur entre Gand et Bruges…ce type de péniche richement décorée subsista à Gand jusqu’en 1908, l’une d’elles a été reconstruite récemment à l’identique (ci-dessous) Ces éphémères navires impériaux que l’on vit accoster à Givet furent certainement les plus beaux de l’histoire du fleuve.

Alain Sartelet

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Billet N°085 A. Sartelet

Un incroyable trafic mosan

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Regardez ce merveilleux détail très agrandi du tableau de Lucas van Valckenborch (musée de Vienne, Autriche) on y voit la Meuse près de Chokier (Belgique) en 1580. Cette scène pourrait se dérouler à Givet ou à Dinant. Elle témoigne de l’incroyable trafic mosan, on transportait de tout alors sur le fleuve, des bois de charpente pour les maisons ou pour les navires que l’on bâtissait en foule au loin sur les côtes vers Dordrecht pour alimenter l’extraordinaire flotte des Pays-Bas. On y charriait aussi des dinanderies, poteries, minerais, produits de la métallurgie naissante, ardoises, blé, vin, bière mais aussi des canons, de la poudre, des bêtes et des hommes, soldats, marchands ou voyageurs, une véritable autoroute avant la lettre où circulaient de nombreux types de bateaux, barges, barques, coches d’eau, radeaux, nefs marchandes…tout un monde fabuleusement grouillant de vie, un monde formidablement éloigné du fleuve que nous connaissons aujourd’hui.

Alain Sartelet

Billet N°084 A. Sartelet

Les dernières paroles d’un roi

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Sur son lit de mort le roi Louis XVIII (1755-1824) donna le mot de passe pour les officiers et soldats de la garde royale, deux noms de villes : « Saint-Denis-Givet », oui vous avez bien lu, c’est un calembour qu’il faut comprendre comme ceci « Saint-Denis, j’y vais » allusion à la nécropole des rois de France où il allait bientôt trouver sa dernière demeure, transporté dans l’extraordinaire char funèbre, récemment restauré par le Musée des Carrosses de Versailles (ci-dessous). Ce roi infirme (regardez cette saisissante effigie en cire ci-dessus) était amateur de ces traits d’esprit. Il aurait dit à ses médecins, toujours sur son lit de mort : « allons, finissons-en, Charles attend ! » allusion à son frère futur Charles X, impatient de régner à son tour…

Alain Sartelet

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Billet N°083 A. Sartelet

Une nef « vert de mer », Givet-Dinant pour un florin

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Un florin, c’est ce que payaient en 1611 les « gens de qualité »  pour prix du voyage sur la Meuse à bord de la « Nef Marchande », propriété du roi d’Espagne, qui circulait régulièrement entre les deux villes. La nef peinte en vert de mer était pourvue de deux cabines à fenêtres d’où l’on pouvait admirer le paysage et se protéger de la pluie, on pouvait aussi y manger, il y avait des réchauds à bord et y jouer aux cartes, aux dés… il y avait même des toilettes. Si les personnes aisées et les moins aisées disposaient de deux cabines spéciales, les « pauvres » prenaient place sur le pont, où ils pouvaient, parmi les bagages entassés et les chevaux pour le halage lors du retour,  il y avait parfois plus de cent personnes à bord !!!, cette Nef Marchande devait être magnifique, dirigée par un « maistre naiveur » elle était ornée sur ses flancs des blasons de toutes les personnes illustres qui y avaient voyagé. Le service des barques marchandes ne s’interrompra qu’avec la canalisation de la Meuse et le développement du chemin de fer. Pour avoir une idée de ce qu’était l’intérieur, regardez ci-dessous cette reconstitution d’une cabine de coche d’eau du 18ème siècle munie de fenêtres et de bancs-coffres, délicieuse cette couleur « vert de mer » non ? c’est celle d’une pierre précieuse, l’aigue-marine !

Alain Sartelet

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Billet N°082 A. Sartelet

Par-dessus les remparts !

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Regardez ce petit dessin en couleur datant de 1580 (en haut à droite) montrant les remparts de Charlemont on y voit une construction en charpente reposant sur des potences de bois en forme d’équerre et placée au-dessus du vide de l’à pic de roches côté Meuse. Ce sont des latrines pour la garnison. Celles de Vauban seront encore faites sur le même principe, à évacuation verticale (en haut à gauche). De telles latrines en bois ont disparu depuis longtemps du fort de Charlemont mais on en trouve encore dans la forteresse de Brouage (ci-dessous) Ceux qui ont connu les petits édicules en bois « au fond du jardin » savent ce que c’était que le confort relatif d’autrefois !

Alain Sartelet

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Billet N°081 A. Sartelet

Au gré du vent…

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Sur ce dessin des années 1580, on peut voir le moulin de Charlemont, on devrait dire l’un des moulins car il y eut plusieurs et qui changèrent de place selon les besoins, on  voit un moulin sur les plans anciens à la période espagnole à la pointe est du fort, un à proximité de la porte côté Meuse et un sur la terrasse du bastion « du Moulin » sur le front nord. Ces différents moulins étaient d’une importance capitale car ils assuraient l’autonomie du fort en farine et donc en pain, élément essentiel de l’alimentation de la garnison. Les moulins avaient cependant tous les mêmes caractéristiques, c’étaient des moulins entièrement en bois, démontables et orientables car ils pivotaient sur un axe pour attraper le vent. Pour vous donner une idée de ce à quoi ressemblaient les moulins de Charlemont, regarder ce  cliché (en haut à droite).

Alain Sartelet

Billet N°080 A. Sartelet

Vive Djivet pol'peket

Vive Givet pour le peket !, jolie formule qui résonne comme une  invitation non ? L’alcool de baies de genièvre jouissait autre fois d’une faveur sans égale dans la région. Un exemple avec la tradition locale du « Bûchon » rameau ou de genévrier ou un genévrier entier accroché à la porte des établissements où l’on pouvait en boire. George Sand y fait allusion en 1838 dans ses « lettres d’un voyageur » : « je trouvais à tâtons la branche de genévrier suspendue à la porte de mon cabaret » et également le romancier belge Camille Lemonnier dans son bouleversant ouvrage intitulé « Sedan » en 1871 : « nous entrâmes dans une maison sur la porte de laquelle se balançait une branche de sapin, (en fait du genévrier qui ressemble assez au sapin) dans les Ardennes françaises, comme dans les Ardennes belges, une branche de sapin au-dessus de la porte signifie qu’on peut entrer et demander à boire » mais pour conclure, n’oublions pas la formule : l’abus d’alcool etc etc

Alain Sartelet

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Mairie de Givet
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