Détruite en 1675 par le Maréchal de Créquy, cette église sera reconstruite en 1682 par VAUBAN.
Ses murailles élevées et épaisses, ses galeries souterraines pouvaient constituer un abri sûr lors d'éventuelles attaques.
La Rue de la Fausse Porte a la particularité de passer sous le chœur de l'édifice religieux par une belle voûte de pierres.
Victor Hugo dans une lettre à un ami le 1er août 1842 décrivait Givet comme suit :
"la ville s'est modernisée mais le charme est resté...
C’est une jolie ville que Givet, propre, gracieuse, hospitalière, située sur les deux rives de la Meuse, qui la divise en grand et
petit Givet, au pied d’une haute et belle muraille de rochers dont les lignes géométriques du fort de Charlemont gâtent un peu le sommet. L’auberge
qu’on appelle l’hôtel du Mont-dOr, y est fort bonne, quoiqu’elle soit unique et qu’elle puisse par conséquent loger les passants n’importe
comment, et leur faire manger n’importe quoi.
Le clocher du petit Givet est une simple aiguille d’ardoise ; quant au clocher du grand Givet, il est d’une architecture plus compliquée et plus
savante. Voici évidemment comment l’inventeur l’a composé. Le brave architecte a pris un bonnet carré de prêtre ou d'avocat. Sur ce bonnet carré,
il a échafaudé un saladier renversé; sur le fond de ce saladier devenu plate-forme, il a posé un sucrier, sur le sucrier, une bouteille, sur la
bouteille, un soleil emmanché dans le goulot par le rayon inférieur vertical ; et, enfin, sur le soleil, un coq embroché dans le rayon vertical supérieur. En
supposant qu'il ait mis un jour à trouver chacune de ces idées, il se sera reposé le septième jour.
Cet artiste devait être flamand.
Depuis deux siècles environ, les architectes flamands se sont imaginés que rien n’était plus beau que des pièces de vaisselles et des ustensiles de
cuisine élevés à des proportions gigantesques et titaniques. Aussi quand on leur a donné des clochers à bâtir, ils ont vaillamment saisi l’occasion et
se sont mis à coiffer leurs villes d’une foule de cruches colossales.
La vue de Givet n’en est pas moins charmante, surtout quand on s’arrête, vers le soir, comme je l’ai fait, au milieu du pont, et qu’on regarde au
midi. La nuit, qui est le plus grand des caches-sottises, commençait à voiler le contour absurde du clocher. Des fumées suintaient de tous les toits. À ma
gauche, j’entendais frémir avec une douceur infinie de grands ormes au-dessus desquels la clarté vespérale faisait vivement saillir une grosse tour du onzième
siècle qui domine à mi-côte le petit Givet. À ma droite, une autre vieille tour, à faîtage conique, mi-partie de pierres et de briques, se reflétait
tout entière dans la Meuse, miroir éclatant et métallique qui traversait tout ce sombre paysage. Plus loin, au pied de la redoutable roche de Charlemont, je
distinguais, comme une ligne blanchâtre, ce long édifice que j’avais vu la veille en entrant et qui est tout simplement une caserne inhabitée. Au-dessus
du clocher, surgissant à pic une immense paroi de rochers qui se prolongeait à perte de vue jusqu’aux montagnes de l’horizon et enfermait le regard comme
dans un cirque. Tout au fond, dans un ciel d’un vert clair, le croissant de lune descendait lentement vers la terre, si fin, si pur et si délié, qu’on eût
dit que Dieu nous laissait entrevoir la moitié de son anneau d’or. […] |