Cette belle arcade murée, simple et majestueuse se trouve à la base du clocher, elle s’ouvrait autrefois sur la nef. C’est sans doute le vestige le plus ancien de tout Givet (avec les parties romanes de la tour Saint-Grégoire). A l’origine cette salle basse n’avait pas d’entrée donnant à l’extérieur mais abritait probablement un « contre-chœur », une chapelle et un autel dédié à saint Michel, l’archange guerrier qui protège des forces du Mal (symboliquement venant de l’Ouest, côté du soleil couchant et donc de la mort). Les deux étages inférieurs du clocher sont ainsi des vestiges de l’église reconstruite au 12ème siècle selon les critères de l’art roman en train de s’ouvrir aux influences gothiques (arc brisé au lieu du plein cintre). Les étages supérieurs de la tour ont été rebâtis en 1612 comme l’indiquent les grandes ancres de fer en façade. Certaines pierres de la grande arcade ont éclaté sous la chaleur et témoignent de la violence de l’incendie de 1675 qui détruisit quasiment tout Givet. (Clichés Audrey Malcorps).
Alain Sartelet
L’église Notre-Dame de Givet abrite une crèche peu ordinaire, elle est cachée pendant toute l’année derrière deux volets de bois, ouverts seulement pendant la période de Noël. Cette crèche ancienne est en plâtre peint et certaines parties sont dorées. Tout y est, Marie, Joseph, les anges, les bergers et même les trois rois-mages sur la droite mais la mangeoire est vide…cette église recèle bien d’autres merveilles, nous y reviendrons…
Alain Sartelet
Peu connu du grand public l’intérieur du château de Chooz abrite un trésor caché. C’est une merveille d’avoir conservé intacte une si belle galerie à arcades (1-2) qui rivalise avec celles de Foisches, du château de Montcornet (3, détruite) et du château de Feluy en Belgique (4). Les belles et fines colonnes sont typiques d’un âge où l’on utilise encore les formes gothiques héritées du 15ème siècle. Les parties hautes de la galerie semblent avoir été remaniées au 18ème siècle sans toutefois altérer la beauté de l’ensemble. Elégance, noblesse, lenteur des évolutions stylistiques, sobriété, polychromie, lucarnes multiples, toute la beauté du style « Renaissance mosane » est présente dans la galerie du château de Chooz, autrefois résidence de l’avoué (représentant) du Prince-Abbé de Stavelot, ce qui n’était pas rien ! (merci à Loïc Lefèvre pour les clichés 1 et 2)
Alain Sartelet
Curieuse coïncidence à l’approche de Noël ! la vigilance de Monsieur Pierre Cartiaux qui veille sur l’église Saint-Hilaire de Givet a permis la redécouverte d’une superbe statuette d’époque Napoléon III dissimulée au fond d’une armoire de la sacristie où elle était abandonnée depuis des lustres. Cette charmante représentation de l’Enfant Jésus Miraculeux de Prague était autrefois révérée à Givet comme dans de nombreuses églises d’Europe. Ce culte est ici tombé en désuétude mais admirons quand même ce doux sourire, cette superbe petite couronne baroque ornée de pierreries et ces dentelles et ces vêtements de soie blanche et de velours rouge brodés au fil d’or par les paroissiennes de la ville. Une merveille de plus à signaler dans le beau patrimoine religieux de la région.
Alain Sartelet
Un message à tous ceux qui lisent cette chronique, je serai le samedi 12 décembre prochain de 10h à 12 h et de 15 h à 17 h au Centre des Métiers d’Art à Givet pour une séance de dédicace de mon dernier ouvrage et rencontrer ceux qui apprécient mon travail et mes dessins, car c’est bien grâce aux 350 dessins, magnifiquement mis en page (je pourrais presque dire « mis en scène ») par l’éditeur Terres Ardennaises, que les lecteurs pourront revivre pour la première fois leur passé, un passé extraordinairement riche et chatoyant rendu sensible à tous, petits et grands, par la magie de l’aquarelle…
Alain Sartelet
Les scientifiques l’appellent plutôt « Mosasaure » depuis l’extraordinaire découverte dans une grotte près de Maastricht en 1780 (1) d’un crâne fossile de ce terrible animal qui vécut il ya plus de 100 millions d’années. Ce qui fut peut être un des plus grands monstres marins, cousin des dinosaures, a été reconstitué par les scientifiques (2) et on peut se demander si la découverte de fossiles de ce type n’est pas à l’origine, dans nos légendes ardennaises, des dragons, « Mawhots » ou autres « Bouzouc » toujours fêté chaque année à Berlaimont dans le Nord (3).
Alain Sartelet
On rencontre ces volatiles, importés du Mexique, dans la région de Hierges et de Givet au 16ème siècle, à Mézières sur la table du roi Charles IX lors de ses noces, à Liège lors d’un mémorable et fastueux banquet du prince-évêque en 1557. Ce dindon surprend les convives par l’excellence de sa chair. Cette chair délicate a failli disparaître des tables ardennaises mais il n’en est rien et on assiste à une véritable renaissance de cette viande merveilleuse, une idée pour les fêtes ? Je ne résiste pas au plaisir de vous montrer cet exceptionnel tableau du peintre baroque Frans Snyders (1579-1657) conservé au musée d’Oslo (Norvège) la dinde rouge ou dindon des Ardennes y figure en bonne place à gauche dominant un sanglier…
Alain Sartelet
Magnifique exemple de maison-forte de la Renaissance, la ferme située sur les hauteurs d'Aubrives nous est parvenue dans un état de préservation qui frise le miracle. La corps de logis (1) est la partie la plus remarquable avec sa série intacte de 8 fenêtres à meneaux et à bossages (2 , bossages: pierres laissées brutes en fort relief) contemporaines du réaménagement du château de Hierges dans la seconde du 16ème Il est possible d’attribuer la construction à Augustin De La Haye, prévôt de Hierges (marié en 1593, décédé en 1655) La ferme fut achetée ensuite par Bertrand Wespin (1680-1758) riche marchand tanneur et bourgeois de Givet puis par Antoine Médand de Barquin premier maire de Vireux en 1790. Témoin d’une époque troublée, la ferme est incluse dans une enceinte fortifiée encore en partie préservée (3) mais les fossés ont disparu.
Alain Sartelet
Saisissant ce détail du visage de Madeleine ! (1) Sur la grande toile du peintre Antoine Rivoulon (1810-1864) ornant le maître autel de l’église Saint-Hilaire de Givet. La sainte, disciple de Jésus et premier témoin de la Résurrection, est montrée avec les yeux rougis, éperdue de tristesse aux côtés d’un Christ crucifié (2) aux pâleurs de cadavre. Cette œuvre très réaliste fut autrefois jugée gênante par certains aspects de l’anatomie du Christ longtemps cachés par un repeint aujourd’hui retiré. Cette œuvre singulière qui confine pourtant au chef d’œuvre a été remarquablement étudiée par Gilles Blieck (conservateur des Monuments historiques, DRAC Champagne-Ardenne), et Thierry Zimmer (conservateur en chef du Patrimoine, DRAC Île-de-France)
Alain Sartelet
Admirez ce superbe et précieux plan datant de la première moitié du 17ème siècle (archives de Monaco). On y observe toute la topographie ancienne de Revin, la vieille halle et son clocheton, la vieille église Notre-Dame perchée sur son rocher en bord de Meuse (vestiges dans le cimetière actuel) on voit aussi et c’est plutôt rare, une représentation schématique des remparts qui coupaient la boucle à son endroit le plus étroit et sans doute depuis l’antiquité romaine comme le laisse entendre l’ancien nom de « rempart des Sarrazins » déformation de « rempart Césarin » ou « de César » marque indubitable d’une construction ordonnée par un empereur romain. On voit aussi les « Fourches Patibulaires » c’est-à-dire la potence avec deux malheureux pendus sur la gauche de ce détail (2). Voici Revin en 1734 (3), le rempart est toujours là mais il a été modernisé par l’adjonction de deux « redans » (4), de petits bastions rudimentaires à deux faces et sans flancs.
Alain Sartelet