Cette statue de l’église Saint-Hilaire (1-2-3), vous la reconnaissez ? Elle a pourtant un type bien particulier, une posture reconnaissable, c’est tout simplement une copie (à peu près) fidèle de la célèbre statue d’une non moins célèbre église parisienne, Notre-Dame des Victoires (1er arrondissement) haut-lieu de la prière mariale (rappelant le souvenir des victoires du roi Louis XIII sur les protestants) et siège d’une archiconfrérie internationale. La statue d’origine, réputée miraculeuse, a été sculptée par un artiste italien inconnu peu après la Révolution. Cette sublime statue (4) a été copiée et diffusée dans le monde entier, parfois sous la forme d’images pieuses ou de statuettes de plâtre à deux sous (5-6). Ici à Givet la statue est restée sans couronnes alors que l’originale a reçue en 1853 des mains du pape Pie IX ses couronnes d’or et de pierres précieuses. Poussez la porte de vos églises car ce sont aussi, mais pas seulement, de très beaux musées offerts à tous, de véritables conservatoires de l’art et de la mémoire de votre région.
Alain Sartelet
Cela s’appelle en terme technique et décoratif un « pot à feu » c’est un des ornements du magnifique et imposant retable de l’église Saint-Hilaire de Givet. Conçu en bois peint et doré (1) il imite une pierre dure, le jaspe rouge (3, bague romaine or et jaspe) ou peut-être mieux encore, le porphyre. Cette merveilleuse roche au rouge incomparable si prisée pour les œuvres d’exception comme les tombeaux d’empereurs romains et byzantins (2) ou encore le tombeau de Napoléon aux Invalides. Ici cet élément baroque achève avec solennité le fronton dominant le retable, incroyable étagement de bois peint. Il faut avoir la curiosité de passer derrière ce retable pour admirer l’éblouissant travail de charpenterie qu’il recèle.
Alain Sartelet
Du vert, ici que du vert, dégradé à l’infini, de l’herbe parfois piquetée de pissenlits et de pâquerettes, des volées de marches solennelles et moussues flanquées de vasques, des murs antiques de pierres sèches…Un véritable théâtre de verdure d’où l’on assiste au spectacle immuable des ruines du château Renaissance. Voilà toute la beauté sans artifices d’un jardin préservé, saisi dans la gloire d’un printemps ardennais. Ce lieu au charme sûr mais discret pourrait servir de modèle à un magazine ou bien inspirer les amoureux de jardins qui fleurent bon la paix et les senteurs de thym, de romarin, menthe ou citronnelle…
Alain Sartelet
C’est assurément un artiste de grand talent qui a œuvré au tabernacle de l’église de Hierges vers 1770. Nous ne connaissons pas son nom mais seulement son travail, éblouissant ! Regardez ces feuilles de laurier dorées, on les croirait agitées par le vent. Les feuilles d’or ont gardé ici toute leur fraîcheur. Toute la grâce du 18ème siècle est ici visible, un régal pour les yeux. Plus d’un siècle plus tôt, un autre artiste de talent avait réalisé un incroyable retable en trompe-l’œil de marbres, utilisant là aussi tout un répertoire végétal, ici une marguerite (détail ci-dessous) où l’or est magnifié par un fond blanc encadré de (faux) marbre rouge.
Alain Sartelet
Le pélican est souvent présent dans les églises. Un superbe exemple se voit dans l’église Saint-Jean-Baptiste de Hierges. La sculpture du 18ème siècle en bois doré (les petits pélicans sont recouverts de feuilles d’argent) surmonte le tabernacle, pourquoi ? Tout simplement parce que le pélican était, depuis le Moyen Âge, un symbole de piété pour l'Église chrétienne : on croyait qu'il perçait sa propre chair et nourrissait ses petits de son sang. Ici le sculpteur a même représenté les deux gouttes de sang qui s’échappent du poitrail de l’oiseau, emblème de charité et image du sacrifice du Christ (détail ci-dessous).
Alain Sartelet
Le territoire de Givet était sans doute dans l’antiquité le point de franchissement de la Meuse pour la voie romaine Saint-Quentin-Cologne. Elle devait passer par la rue d’Estrée (rue Flayelle actuelle) Un puissant indice réside dans le nom « Strée » dérivé du latin « via strata lapide » (voie recouverte de dalles) nom qui conserva longtemps le souvenir de la voie antique. Nous ignorons encore si le passage du fleuve se faisait à l’aide d’un gué ou d’un véritable pont. Un exemple de pont romain en bois est signalé à Mouzon. Un célèbre chroniqueur de l’abbaye Notre-Dame de Mouzon, nous parle de pieux noircis sortis du fleuve au 17ème siècle précisément dans l’axe de franchissement de la voie Reims-Trèves…Quant à savoir à quoi pouvait ressembler Givet Saint-Hilaire (ou Givet Notre-Dame) à l’époque romaine c’est une autre histoire mais il faut sans doute imaginer un petit relais routier comme celui de Chameleux (entre Carignan et Florenville) où tout voyageur pouvait disposer du nécessaire sur une route antique : auberge, hôtellerie, maréchal ferrant etc….seules des fouilles archéologiques pourraient nous donner un début de piste pour Givet.
Alain Sartelet
La magnifique église du couvent des Récollets, encore trop délaissée et trop méconnue, montre à sa superbe voûte un médaillon portant l’image sculptée d’une colombe, symbole chrétien de l’Esprit saint. Un symbole que l’on retrouve dans pratiquement toutes les églises et qui traverse toute la Bible (la colombe de Noé) et les Evangiles. On retrouve cet oiseau (pur et sacrificiel comme l’agneau) plus particulièrement dans la scène du baptême du Christ (Matthieu 13-16) ainsi autrefois l’Esprit-saint présidait-il aux offices des Récollets de Givet.
Alain Sartelet
Qui parviendra à identifier le blason du donateur des splendides lambris du 17ème siècle qui ornent à présent le chœur de Saint-Hilaire mais qui originellement étaient l’imposant chef-d’œuvre de l’église du couvent des Récollets ? Quelques indices : c’était un militaire décoré de la croix de Saint-Louis, ses armes surmontées d’une couronne comtale rassemblent deux moutons, un chevron, trois étoiles, une gerbe de blé… des chercheurs et non des moindres sont toujours en quête pour trouver la clé du mystère…en vain.
Alain Sartelet
Toujours rue Oger, admirez ce beau dessus de porte vitré (ci-dessus) qui rappelle celui mettant en scène flèches et serpents dans la rue du Puits (ci-dessous, et voir aussi dans ces colonnes le « billet » N° 50). Nous avions là un décor mythologique évoquant la déesse de la Prudence mais ici plus question de cela, c’est un simple décor évoquant un cadre ovale orné de feuilles de chêne et retenu par deux chutes de draperie, il ne manque que le portrait… Ingénieux et élégant système permettant de faire pénétrer la lumière dans un couloir trop sombre.
Alain Sartelet
La pierre sculptée (1) qui surmonte le portail (2) de cette belle et sobre église magnifiquement restaurée proclame la date de 1745, ça n’est pas si simple ! Le portail lui-même dément cette affirmation, il est voisin par son style de celui de l’église de Vireux-Wallerand construit en 1578 et il doit être lui aussi daté des années 1578-1580. Ici la forme générale en plein cintre annonce déjà la Renaissance et le classicisme mais les bases des colonnettes sont de style gothique tardif (3) nous aurions donc ici sous les yeux une église non pas construite en 1745 mais restaurée ou remaniée en 1745. Comme une dame affligée par les ans, l’église de Ham a menti sur son âge ! Un édifice incontournable ne serait-ce que par la présence de l’extraordinaire retable de 1590 (4, cliché André Majewski).
Alain Sartelet