Billet N°099 A. Sartelet

Le secret de l’église Saint-Hilaire de Givet

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Savez-vous que les sous-sols de l’église Saint-Hilaire de Givet renferment les précieux vestiges de l’ancienne église détruite par l’incendie de 1675. Il s’agit d’une portion du mur du chœur de l’ancienne église reconnaissable à ses pierres de taille bleues munies à la base d’un chanfrein (moulure longitudinale taillée en pente sur le devant). La position de ce mur montre que l’église ancienne était beaucoup plus petite que l’actuelle reconstruite sous Louis XIV au début de la domination française. Ce vestige aussi émouvant qu’intéressant a pu être découvert grâce à l’historien Patrice Bertrand. Un grand merci à Monsieur Pierre Cartiaux qui m’a permis d’accéder à ce mur et de vous faire partager ce tout petit fragment du passé médiéval de Givet. (Ci-dessous la base à chanfrein du chœur médiéval de l’église Saint-Georges de Vireux-Wallerand, petite merveille gothique trop méconnue).

Alain Sartelet

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Billet N°098 A. Sartelet

Les martyrs de Gorcum à Givet

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Les superbes boiseries de l’église Saint-Hilaire (provenant du couvent des Récollets) sont ornées de panneaux à la gloire des martyrs de Gorcum (ci-dessus). Gorcum est une ville de Hollande (Gorinchem aujourd’hui) où s’est déroulé en 1572 un des épisodes les plus atroces de la guerre qui opposait les indépendantistes protestants de Guillaume d’Orange-Nassau aux troupes catholiques du roi d’Espagne. Guillaume de La Marck, chef protestant, amiral des « Gueux de mer », parent du prince de Sedan et des anciens seigneurs de Givet-Agimont, s’empara de 19 religieux, prêtres et moines Récollets et Dominicains qui furent tous torturés, pendus et mutilés (ci-dessus et ci-dessous, documents du temps). Il était logique qu’à Givet les Récollets rendent hommage à leurs martyrs bien oubliés aujourd’hui mais qui sont pourtant le produit de conflits où il n’est pas toujours aisé de déméler le politique du religieux…

Alain Sartelet

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Billet N°097 A. Sartelet

Un portail de la Renaissance à Givet

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Ce très intéressant portail est maintenant encastré dans le mur d’une maison de la rue du Petit-Port à Givet. Il est aujourd’hui muré mais intact, c’est un très rare élément subsistant de l’urbanisme givetois antérieur à l’incendie de 1675 dû aux troupes de Louis XIV. On le sait, peu de choses subsistèrent car l’incendie dévora tout, maisons et églises. Cette belle porte moulurée en plein-cintre est sans doute l’ultime vestige d’une maison bourgeoise du temps de la domination espagnole, elle peut se comparer à d’autres portails de la région dont celui de l’église de Vireux-Wallerand daté de 1578 ce qui nous donne une assez juste idée de la datation de celui-ci. La ville de Givet n’a pas fini de nous révéler ses secrets, c’est un bonheur de flâner dans ses rues !

Alain Sartelet

Billet N°096 A. Sartelet

Superbe et méconnu, le moulin à vent de Givet

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Encore trop méconnu des Givetois, ce magnifique moulin est caché au nord de Givet, il porte le beau nom de « Mon-Bijou », le terme est ancien et le moulin apparaît sur le cadastre de Givet en 1823 (ci-dessous). C’est un « moulin-tour » bâti en brique et en pierre bleue, il reprend en cela et à l’aube du 19ème siècle les caractéristiques du style dit « Renaissance mosane ». Cette superbe construction à la forme conique très prononcée est en cours de restauration, il ne lui manque plus que ses ailes…regardez cet autre moulin du même style cela vous donnera un apperçu de son aspect futur.

Alain Sartelet

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Billet N°095 A. Sartelet

Les plaisirs et hasards heureux du patinage

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Bien que cette scène, détail d’un tableau de 1593 du peintre flamand Lucas Van Walckenborch, se déroule sur l’Escaut à Anvers on peut très bien imaginer une scène semblable sur la Meuse immobilisée par les glaces pendant l’un des très rigoureux hivers du temps. Admirez ces merveilleux petits personnages pleins de vie et que dire de cette jeune fille en robe jaune et portant une fraise (c’est donc une dame « de qualité » ) qui vient de faire un faux-pas et se retrouve en fâcheuse posture, sans patins, robe retroussée,  on voit ses jambes et un bout de son jupon blanc (Oh !). Mine de rien, cette petite scène comique est aussi un peu coquine, l’un des personnages, en l’occurrence le garçon à bonnet rouge, découvre ce qui devait rester caché… Le peintre Lucas Van Walkenborch n’en était pas à son coup d’essai, regardez ce détail (ci-dessous à droite) d’une scène de patinage datée de 1575, un prélude à d’autres tableaux plus connus (les hasards heureux de l’escarpolette de Fragonard, souvenez-vous ! détail en bas à gauche).

Alain Sartelet

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Billet N°094 A. Sartelet

Un vaisseau de lumière

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Rêvons un peu, vous connaissez tous l’austère couvent des Récollets et sa nef vide et sombre. Il n’en a pas toujours été ainsi, autrefois la lumière y entrait à flots, toute la journée, du lever  au coucher du soleil, scandant les prières, les onze fenêtres sud et les trois fenêtres nord, hautes et larges ont hélas été murées à la Révolution. Cette magnifique église est impressionnante par son vaste volume intérieur et ses voûtes si particulières dont les arcs reposent sur d’élégantes consoles. Ce vaisseau montre une beauté simple, presque cistercienne, digne en tout point d’une église d’un ordre mendiant voué à la charité et à la prière. Cette belle architecture mériterait une réhabilitation, une remise en lumière en quelque sorte. Imaginez la beauté du lieu, avec les fenêtres ouvertes à nouveau sur le ciel et dotées de vitraux blancs…rêvons un peu !

Alain Sartelet

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Billet N°093 A. Sartelet

Convivialité fluviale

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D’après un texte de 1615 il régnait une belle ambiance à bord des nefs marchandes qui sillonnaient la Meuse. Chacun y apportait des victuailles, de la bière ou du vin que l’on partageait entre passagers en devisant pendant les étapes du voyage, Givet-Dinant, Dinant-Namur etc. Le maistre batelier vendait lui-même de la bière à bord mais elle était jugée « mauvaise et bien nouvelle » Les cabines étaient un petit monde clos propice, un instant, aux agréables rencontres de « gens de toutes sortes ». Sur cette vue de l’intérieur d’un coche d’eau en 1760, on fume de longues pipes en terre blanche, on écrit, on boit un petit gobelet de vin tiré d’une bouteille mise à rafraîchir à la traine dans l’eau du fleuve…on dirait que le temps s’est arrêté, la lenteur du fleuve est palpable, délicieuse flânerie mosane. (ci-desous une bouteille à vin du 18ème siècle, De Troy, « Le déjeuner d’huitres », 1735, détail, musée Condé Chantilly).

Alain Sartelet

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Billet N°092 A. Sartelet

La Meuse, été 1615, quel spectacle !

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Voici un détail d’un dessin de Philippe de Hurges (Bibliothèque Nationale) daté de 1615 montrant une extraordinaire scène de pêche en Meuse. On y voit ce qu’on appelait une « Venne » c’est-à-dire une gigantesque nasse triangulaire fixe faite de pieux de bois plantés dans le fond de la Meuse et entrelacés d’osiers, ce piège fonctionnait comme un entonnoir où l’on capturait les poissons amenés par le courant. Le dessin montre 23 barques chargées de pêcheurs qui tendent et referment les filets, d’autres pêcheurs, armés de perches, dans des barques placées en demi-cercle empêchent les poissons de refluer. Cette entreprise collective ne devait pas manquer de panache et devait être un des superbes spectacles offerts par un fleuve toujours en mouvement. De tels pièges à poissons existaient partout au long de la Meuse et même dans la Houille. On y prenait des esturgeons, des barbeaux et des saumons jugés excellents mais qui n’étaient pas roses (les saumons roses sont ceux qui se nourrissent de crevettes en mer).

(Ci-dessous, scène de pêche collective sur le Niger, similitude de gestes millénaires…).

Alain Sartelet

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Billet N°091 A. Sartelet

Sur la Meuse en 1613

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Voici un superbe dessin de Philippe de Hurges représentant un chaland mosan,  naviguant à la voile, la grande rame-gouvernail d’arrière a été retirée de son berceau en forme de croissant, une barque est attachée en remorque selon un usage très fréquent. De la grande cabine couverte en berceau renversé émerge un haut mât arborant un étendard marqué d’une croix (détail en haut à droite). Ce petit détail est important politiquement car il montre que les bateaux mosans de l’époque arboraient la croix de Bourgogne, emblème des Pays-Bas espagnols (ci-dessous).

Alain Sartelet

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Billet N°090 A. Sartelet

Le pâté de saumon au poivre

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C’était autrefois une véritable spécialité locale essentiellement fabriquée à Chooz avec les saumons délicieux et forts réputés pêchés dans une Meuse alors fort poissonneuse. Chooz dépendait autrefois des princes-abbés de Stavelot et payait les redevances à l’abbaye en fournissant chaque année 60 pâtés de saumon préparés en croute et au poivre pour faciliter le transport et la conservation. La première mention de cette recette date de l’an 1167. En ce temps le poivre noir importé d’Inde était une denrée très rare et excessivement chère, son prix fabuleux a donné naissance à l’expression « payer en espèces » (déformation de « payer en épices »). Jusqu‘au 18ème siècle la Meuse représenta une importante source de nourriture et de revenus pour les seigneurs ou les souverains qui louaient le droit de pêcher, interdit aux particuliers. Hélas la recette exacte du pâté est perdue mais imaginons cette croûte dorée à souhait, cette chair succulente, avec, allez, rêvons un peu… un petit verre de vin de Charlemont…

(Ci-dessous, tranche de Saumon et poivrier, Chardin, musée Granet, Aix, détail)

Alain Sartelet

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Mairie de Givet
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