Le grand ingénieur de Louis XIV voyait grand, très grand. Il rêvait de faire de Givet une immense place forte. Regardez ce plan de la fin du 17ème siècle (ci-dessus), on y voit en pointillé les terrains que Vauban voulait englober dans de nouveaux remparts et bastions, bien en avant de Charlemont au nord. Vauban rêvait aussi de lotir ces terrains afin d’y créer de nouveaux quartiers. Même chose pour le Mont d’Haurs dont il fit établir les plans des rues (ci-dessous) tout cela resta du domaine des songes, le génial militaire ne put vaincre la frilosité des finances royales…et l’urbaniste ne put ici donner toute sa mesure, dommage ?
Alain Sartelet
C’est presque la sœur jumelle de la chapelle Saint-Roch du Grand-Givet, elle a la même silhouette, le même plan, les mêmes fenêtres, la même corniche mais elle est un peu plus grande. Elle témoigne encore aujourd’hui de la puissance de la dévotion à Saint Roch, le saint qui guérissait (ou était censé guérir !) de la peste. Sa construction remonte à 1628, (celle de Saint-Hilaire a été rebâtie sous sa forme actuelle en 1635). Elle a vu le jour grâce à la générosité de Gilles de Hamaide un riche donateur sans doute frappé par l’épidémie. La chapelle de Givet-Notre-Dame a reçu une nouvelle façade en 1753 assez mal raccordée à la chapelle de 1628 (photo ci-dessous). La chapelle est remarquablement conservée, elle a seulement perdu son clocher. Comme à l’origine, cette chapelle du bord de Meuse est isolée de la ville, un cimetière l’environne, comme en 1628…le charme est intact !
Alain Sartelet
Les archiducs Albert (1559-1621) et Isabelle (1566-1633), souverains des Pays-Bas espagnols régnèrent au nom de la couronne d’Espagne sur de vastes territoires et sur Givet et sa région. On leur doit le marché de Givet (1617) et sans doute la bienveillance de l’archiduchesse pour les fondations pieuses de la ville, Chapelle Notre-Dame de Walcourt (1604) ou Notre-Dame de Montaigu (près de Charlemont, avant 1616). On leur doit aussi sans doute une partie du financement de l’achèvement de l’église Saint-Charlemagne de Charlemont (le clocher de 1610) et pour célébrer l’achèvement de l’église, le couple royal offrit en 1613 une cloche portant le nom de Roch, le saint invoqué contre la peste ce qui à cette époque était lourd de sens. La cloche (détruite en 1914 ?) fut fondue à Flesselles en Picardie par le célèbre Waltère Grongnard, un maître en la matière, issu d’une véritable dynastie de fondeurs wallons qui fournit des cloches pour Tournai, Gand, Liège…
Alain Sartelet
Minuscule détail sur le plan de Givet des années 1680 conservé à Brno en Moravie : un navire descend la Meuse devant la tour Victoire. Ce détail agrandi du plan montre un étrange navire à l’allure toute médiévale, en réalité c’est un navire marchand du 15ème siècle de la mer du Nord à flancs et fond ronds et à deux « châteaux », un à l’avant et l’autre à l’arrière. Vous pouvez le comparer à cette restitution moderne (ci-dessous), les navires sont comme deux frères, quasiment identiques, alors que faisait un navire de ce type à Givet vers 1680 ? dans un fleuve où tout ce qui circule est à fond plat ????, une fantaisie du dessinateur ? Cela n’est pas si simple !!!!… car on a découvert récemment une épave de ce genre dans la Baltique, on la croyait médiévale, et oh surprise, ce navire balte a été bâti en… 1773 ! Alors qu’en est-il du navire dessiné à Givet ?????
Alain Sartelet
Les deniers vestiges de l’église du couvent des Récollectines ont disparu vers 1960. Cette église n’est plus connue que par des photographies, il n’en restait alors que le chœur avec sa très haute toiture intégré depuis le 19ème siècle au théâtre. Cette église disparue devait ressembler beaucoup en taille et en style à celle des Récollets qui, elle, a heureusement survécu. Regardez cette photo aérienne ancienne (ci-dessous), le couvent des Récollectines avait encore à peu près la silhouette qu’il avait du temps de Louis XIV.
Alain Sartelet
Saint Roch, auquel le peintre Vivarini (1430-1491) a donné un beau visage de Christ pensif, était invoqué dans toute l’Europe médiévale contre un des plus grands fléaux, la peste qui fit des victimes par millions. A Givet il y a deux chapelles anciennes qui portent son nom, celle du cimetière de 1628 et celle de la rue Méhul, moins connue car elle est pratiquement invisible. Elle date de 1635, elle est intacte, située dans une propriété privée près des Récollectines (centre Pierre Tassin) mais on la voit depuis les fenêtres de la bibliothèque. C’est bientôt les Journées du Patrimoine, soyez curieux, sortez, poussez les portes, le vieux Givet regorge de trésors !
Alain Sartelet
C’est au 8ème siècle que le nom de Givet apparaît dans un texte, la vie de Saint-Hubert. Au 10ème siècle les premiers comtes de Givet apparaissent mais sont certainement implantés là depuis le 8ème ou le 9ème siècle. Les premières fortifications de Givet remonteraient au 10ème siècle. Bien que rien n’en ai subsisté, le tracé du « castrum » est encore très nettement reconnaissable par sa forme en demi-lune adossée au fleuve. L’enceinte primitive sans doute en bois, puis en maçonnerie suivait la rue des Trois Pigeons et la rue du Conquérant (Gambetta) la porte d’entrée se trouvait au nord, rue d’Anjou. Le mur d’enceinte ne possédait alors pas de tours (la tour Victoire, en bas et à gauche de la photo, est postérieure) mais possédait un fossé. Les fortifications tombèrent peu à peu en désuétude et dès 1507 on voit se construire des maisons à l’emplacement des anciens fossés. Il faudra attendre 1555 et la domination espagnole pour voir se construire une nouvelle enceinte urbaine mais ceci est une autre histoire…
Alain Sartelet
Oui il s’agit bien de la déesse antique de la chasse. Elle évoque un roulement de tambour qui annonçait le matin dans les forteresses romaines, l’usage s’est conservé dans la France d’ancien régime et à Givet comme sur les remparts de Charlemont. C’est tout un univers sonore qui a disparu, toute la vie militaire était ainsi rythmée de fanfares et de sonneries du « réveil » à « l’extinction des feux ». Imaginez aussi tout un monde de couleurs, celles, chatoyantes, des uniformes et des étendards des régiments en garnison à Givet : Royal-Roussillon, Bourbon, Dauphin-Infanterie, Foix-Alsace, Champagne, Navarre, Languedoc, Montmorency-Dragons… et le Royal-Liégeois portant sur son étendard les armoiries de Liège, le célèbre « perron » accosté d’un L et d’un G, initiales de LIBERTAS GENTIS (la liberté du peuple », belle devise non ?
Alain Sartelet
Ce grand personnage (1702-1761) fut sous Louis XV Lieutenant-Général des armées du Roi puis gouverneur de Givet et de Charlemont, il laissa son nom à la plus grande des casernes de Givet, construite pour 6000 hommes par Vauban, et qui portait autrefois le nom de « Grand-Quartier » C’était, avant sa destruction en 1914, un des édifices les plus étonnant de Givet par sa taille surtout, près de 500 mètres, la plus longue caserne de France, on ne peut plus juger de son impact sur le paysage que grâce aux photographies anciennes. Regardez cette photographie, la caserné Rougé apparaît vers 1900 avec sa gigantesque façade protégée côté Meuse par un rempart ponctué de 5 petits édicules à toiture d’ardoise (les latrines !) du temps de Vauban les toits de la grande caserne étaient ornés d’épis de faîtage en forme de grosses fleurs de lys dorées. Trois pavillons, un au centre et deux aux extrémités, logeaient les officiers ; les deux casernes entre les pavillons abritaient un régiment de cavalerie et un d’infanterie.
Alain Sartelet
Je vous avais promis d’en reparler, il y eut autrefois à Givet un véritable château dont la tour Victoire est le vestige le plus connu. Un plan inédit (ci-dessous) conservé à Brno en Moravie nous montre l’agencement de ce château dans son état de 1680 à l’entrée des troupes de Louis XIV. L’origine du château est très lointaine elle remonte au 10ème siècle. La première tout Victoire a été construite au 13ème siècle et sa partie supérieure a été réaménagée en briques à l’époque des La Marck au 15ème siècle. Pendant la période espagnole (1555-1680) on construisit une « maison du Roy » à l’intérieur de l’enceinte. Elle était destinée à loger le roi d’Espagne en cas de besoin. Vauban va presque tout raser sauf la tour Victoire et édifier une seconde « maison du Roy » pour loger le représentant du roi à Givet (c’est l’actuel café du Musée) la restitution en perspective (ci-dessus) est une tentative d’interprétation des volumes d’après le plan de 1680. C’est un minuscule extrait des 300 dessins inédits de mon prochain livre « Givet et sa région à travers les siècles ».
Alain Sartelet