L’église Saint-Hilaire de Givet renferme un précieux dépôt, une relique de sainte Rita de Cascia en Ombrie (1381-1457), épouse, mère, veuve puis religieuse Augustine. Elle fut miraculeusement blessée au front par une épine de la couronne du Christ. On la représente toujours avec une plaie au front (3). La légende rapporte aussi que la sainte, lorsqu’elle était un bébé fut nourrie au miel par des abeilles. On l’invoque pour les causes difficiles et désespérées. En France c’est à Givet au début du 20ème siècle que son culte apparaît pour la première fois, importé par de pieux immigrés italiens. De très nombreux ex-voto témoignent de cette ferveur dans l’église ainsi que ce beau reliquaire de bronze doré (1) enfermant une capsule contenant un fragment d’os de la sainte encore très révérée aujourd’hui à Givet.
Alain Sartelet
Rarissime témoignage de l’ancienne orfèvrerie de l’abbaye de Saint-Hubert en Belgique, ce beau gobelet d’argent du 15ème siècle est à présent exposé au musée du Louvre. Simple dans sa forme, il laisse toute la place à la beauté du métal précieux. Une inscription gothique court sur la lèvre du gobelet : « un dieu, un roi, une foi ». Très en vogue au moyen-âge, cette devise était une sorte de serment politico-religieux, un « credo » venu d’un autre monde. Des armoiries et une seconde inscription plus récente nous indiquent que ce gobelet appartint un temps à l’abbé Jean Balla élu à la tête de l’abbaye en 1586.
Alain Sartelet
Vous passez souvent sans le voir, le coq de Givet ! Fièrement dressé sur le monument aux morts. Le coq est un des emblèmes de la France dont l’origine est fort lointaine, il était déjà là du temps des gaulois et se moque des régimes, on le retrouve aussi bien sur le dais du lit de Marie-Antoinette à Versailles que sur la célèbre grille dorée de l’Elysée (2)
Très présent sur les « 20 francs » en or de la Troisième République (3), dans la propagande militariste de la « Grande Guerre » et ensuite sur les monuments aux morts (l’exemple de Givet est un des plus représentatifs), le coq a longtemps disparu de notre paysage mythique, sa dernière apparition républicaine remontait à 1986 (4). Peut-être a-t’ il, malgré lui, trop flirté non pas avec la Nation mais avec le nationalisme, ce qui est loin d’être la même chose…aujourd’hui le coq ne fait plus de politique, il s’est réfugié dans les stades et il vient de réapparaître sur les pièces d’or de la République (5)…
Alain Sartelet
Cette maison de Vireux-Molhain (1) est hélas quasiment à l’abandon. C’est pourtant un très bel exemple de l’architecture mosane du début du 18ème siècle. Mais ce qui fait tout son intérêt, je dirais même tout son exceptionnel intérêt, ce sont trois têtes sculptées qui ont été insérées dans la façade longeant la ruelle Bacchus. Ces sculptures de pierre bleue (l’une est presque illisible) sont des remplois et viennent sans doute d’un édifice assez prestigieux, église ou résidence patricienne disparue. Ce sont sans doute à l’origine des clés d’arcades, l’une d’elle a des cheveux frisés qui ressemblent à des grappes de raisin (2), c’est sans doute cette similitude qui a fait donner le nom de Bacchus (3, le dieu romain de la vigne) à cette tête et par extension son nom à la ruelle. Ces têtes au premier abord rappellent l’époque Romane mais en fait elles ne remontent sans doute pas au-delà du 16ème siècle. Il faudrait réhabiliter d’urgence ce témoin de l’histoire de la vallée mosane.
Alain Sartelet
Cette photo nous montre le devant d’autel de la chapelle Saint-Roch de Fumay, on y reconnait, dans un très bel entourage de feuillages sculptés (chêne et olivier), doré et couronné (3), une peinture du 18ème siècle représentant l’agneau pascal allongé sur une croix (2), symbole du sacrifice du Christ. La qualité de ce devant d’autel peut surprendre dans une modeste chapelle mais cette boiserie provient peut-être de l’ancienne église Saint-Georges…L’agneau est un symbole chrétien mais aussi, peut-être, une allusion à la domination de l’abbaye princière de Prüm en Rhénanie-Palatinat qui possédait autrefois les terres de Revin, Fumay et Fépin et montre un agneau dans ses armoiries (4,5).
Alain Sartelet
A lire ce beau texte de l’écrivain belge Edmond Picard (1836-1927) :
« Si, quittant la vallée de la Meuse, aux sites si enchanteurs qu’on ne peut les voir, ne fut-ce qu’une heure, sans souhaiter y passer sa vie, nous remontons sur l’autre versant par une de ces routes sèches et pierreuses qui courent à travers les champs, nous sommes bientôt frappés de l’étendue que prend l’horizon. Il s’étage en lignes indéfinies de collines rangées en amphithéâtre et que le matin a estompées de vapeurs légères. L’ensemble du paysage a l’apparence sévère et désolée d’une région déserte et pauvre, mais il est grand dans sa tristesse muette et tragique. Ce sont les Ardennes, que jamais cœur viril n’a contemplées pour la première fois sans se sentir ému. Dès que je les ai eu connues, je les ai aimées, et, depuis mon adolescence, j’y vais chaque automne. Les flots, les plaines, les bruyères, les rochers, les collines, que le sol natal a présentés à mes regards, ont certes leur attrait, mais ce sont les Ardennes que j’ai toujours préférées : ce sont elles, en effet, qui ont éveillé le plus profondément en moi ces sensations rêveuses et ces émotions qui sont la haute vie de notre humanité. Et c’est à l’automne, quand les forêts sont vêtues de draperies pourpres aux reflets brun clair, que cette impression poignante prend dans mon âme son intensité tout entière. L’automne est la saison des Ardennes ; comme l’été est celle du bord de la mer, comme le printemps est celui de la Campine, du Brabant et des Flandres… »
Heureux ceux qui se reconnaîtront dans ces lignes…
Alain Sartelet
Elles sont devenues rarissimes ces modestes bagues en cuivre et verroterie dites « de saint Hubert » elles étaient autrefois très réputées pour protéger de la rage (des crocs sont enchâssés dans le chaton) Ce procédé rappelle les bijoux « de chasse » encore en vogue dans les pays germaniques (2). Sur ce tableau du 18ème siècle (3) un colporteur explique la légende de saint Hubert, une comparse vend aux badauds des colifichets, images, médailles, scapulaires et bagues censés protéger ou guérir de la rage. Cette réputation de saint guérisseur avait fait toute la fortune de la célèbre abbaye belge placée sous l’invocation du saint patron des Ardennes et des chasseurs (4).
Alain Sartelet
Il est beau comme un héros antique (1) avec son visage de bronze digne d’une statue romaine. Ce jeune homme c’est Etienne-Nicolas Méhul (1763-1817) portraituré par un artiste inconnu de l’époque du Premier Empire, époque qui remettait à l’honneur le goût de l’Antiquité dans les arts, le costume, l’architecture, la peinture, la sculpture, regardez ce camée montrant Napoléon couronné de lauriers comme un César (2), un mouvement lancé quelques décennies plus tôt par la redécouverte de Pompéi. Ici, ce n’est que du plâtre peint mais avouez que le sculpteur connaissait son métier…
Alain Sartelet
« …Ardoise. Cette roche calcaire est très dure et donne un cachet particulier à l’habitat de toute la région. Les demeures l’utilisent souvent avec des motifs de brique qui donnent aux façades un aspect de marqueterie des plus élégants » Ce sont les propos d’Axel Kahn le sympathique généticien tenus lorsqu’il parcourut en 2013 toute « la Pointe » à pied lors de son périple vers Saint-Jacques de Compostelle. C’est vrai que cette polychromie mosane est attachante, par n’importe quel temps, convenez-en ! Ici le pavillon du parc du château de Vireux sous la pluie…du gris, du vert, du bleu-violacé et du rouge, le charme opère dans toute la Vallée…
Alain Sartelet
On ne le signale pas assez mais Hierges, comme Givet (maison du pèlerin à Givet-Notre-Dame) est une étape sur le chemin menant à Saint-Jacques de Compostelle en venant d’Aix-La-Chapelle, Maastricht ou Namur. Les pèlerins sont souvent généreusement accueillis par les habitants. Ces voyageurs portent sur leur sac à dos la fameuse coquille que l’on arborait lorsqu’on atteignait enfin la mer, la fin de la terre, la « finis terrae », (l’équivalent espagnol de notre Finistère breton) On voit parfois une coquille sur une porte de Hierges (ci-dessous, rue Roger Renard) c’est le symbole des confins du monde où était venu prêcher l’apôtre Jacques et la preuve que l’on avait accompli le périlleux périple. Connaissez-vous l’origine du nom « Compostelle » ? La voici : l’emplacement, oublié, du tombeau de saint Jacques aurait été signalé par des myriades de lumières surnaturelles scintillant dans la nuit d’où le nom Compostelle dérivé du latin CAMPUS STELLAE (le champ d’étoiles) une histoire belle comme une nuit étoilée non ?
Alain Sartelet