Remarquable, cette belle statue de l’église de Fumay. Nous reconnaissons saint Jean le Baptiste, celui qui a baptisé le Christ dans les eaux du Jourdain, la coquille symbolise ici l’eau baptismale. Cette sculpture naïve et pleine de charme a été complétée au 19ème siècle par un agneau (symbole du sacrifice du Christ) qui nous surprend par son air béat… Traditionnellement la fête du saint est proche du solstice d’été et autrefois on la célébrait par de grands feux symbolisant le triomphe de la lumière sur l’hiver. (Cliché portail du patrimoine de Champagne-Ardenne).
Alain Sartelet
Encore un merveilleux détail du tableau de 1740 qui nous montre qu’à cette époque le fort de Charlemont conservait encore ses parapets de brique tels qu’ils avaient été élaborés du temps des espagnols et aussi aux premiers temps de Vauban, ils ont presque tous disparus…mais avouez que cela devait former un jeu de couleurs intéressant…(ci-dessous à droite remparts de Besançon en brique et pierre).
Alain Sartelet
Ce Christ en croix (1), chef d’œuvre de la sculpture religieuse du 16ème siècle se trouve maintenant à l’abri dans l’église Notre-Dame, autrefois il faisait l’ornement d’une façade de la rue Notre-Dame où il avait été placé en 1764 mais son origine exacte est inconnue. La niche existe toujours rue Notre-Dame mais elle abrite aujourd’hui une copie (3). L’original en bois est d’une rare beauté notamment le visage, saisi dans le repos de la mort, qui n’est pas sans rappeler celui restitué en image de synthèse (2) d’après le Saint Suaire conservé à Turin…
Alain Sartelet
Toujours sur ce précieux tableau des années 1740 nous voyons de gauche à droite l’église Saint-Hilaire de Givet puis la façade et la flèche (disparue) du couvent des Récollets où la brique rouge domine et enfin à droite la longue toiture de l’église (disparue) du couvent des sœurs Récollectines avec sa flèche. À noter, et c’est une découverte, que les Récollets avaient un petit clocheton dominant le toit d’une des ailes (ci-dessous à droite) on remarque aussi que le clocher de Saint-Hilaire (ci-dessous à gauche) possédait une horloge au cadran cerclé d’or et aux aiguilles dorées. (D’après cliché Audrey Malcorps).
Alain Sartelet
Sur ce détail d’un tableau représentant Givet vers 1740 (Mairie de Givet) on voit parfaitement la porte Charbonnière ou porte des Faudes (les faudes sont des fosses où l’on fabriquait le charbon de bois) on distingue le pont levis et ses chaînes, l’échauguette d’angle, le corps de garde et aussi le pont de bois (remplacé plus tard par un pont de pierre) dont le tablier est bordé par deux rambardes de bois peintes en rouge c’était alors un usage fort répandu dans les forteresses, il y avait par exemple à Sedan à cette époque un « bastion du Pont Rouge ». De nos jours nous ne voyons plus de ponts rouges que dans les jardins japonais…
Alain Sartelet
Si vous passez sur le quai de Meuse (3) à proximité de la « Forge Toussaint » (nom mal choisi car c’est l’ancien corps de garde du vieux pont de Meuse) vous pourrez voir une étrange arcade aujourd’hui murée (1) dont seul le haut de la voûte en plein cintre dépasse de l’herbe. Cette arcade autrefois ouverte permettait du temps de Vauban de faire communiquer la Meuse avec le bassin de l’Arsenal (2). A cette époque le pont de Meuse était constitué de bâteaux liés ensemble et supportant un tablier de bois. Le bassin servait à remiser les bâteaux en réparation ou alors à les mettre en réserve l’hiver lorsque les glaces ou les crues interdisaient le traffic, le pont était alors démonté…En attendant la belle saison, les givetois devaient alors prendre patience ou tenter la périlleuse traversée de la Meuse en barque.
Alain Sartelet
Regardez ce tableau, de la brique, de la pierre bleue, on dirait le château de Hierges au temps de sa splendeur, mais non, c’est le château de Beauraing. La clé de cette ressemblance réside dans un même commanditaire, le comte Charles de Berlaymont (1510-1578) et probablement aussi dans la présence sur les deux sites d’un même architecte, inconnu, mais qui fut un génie de l’architecture mosane de la Renaissance. Le destin parallèle des deux châteaux ne s’arrête pas là, ils furent tous deux incendiés à la Révolution et présentent à nos yeux de superbes ruines. (Ci-dessus, le château de Beauraing sur un tableau du grand vestibule du château de Freyr peint au 18ème siècle. Ci-dessous Beauraing à gauche et Hierges à droite)
Alain Sartelet
Encore une richesse du patrimoine méconnu des environs de Givet. Le village d’Aubrives possède un superbe bâtiment, autrefois ferme seigneuriale appartenant aux comtes de Berlaymont, seigneur de Hierges. La partie la plus ancienne est un gros pavillon à corniches et haute toiture, percé autrefois de grandes baies à meneaux aujourd’hui remaniées ou murées (1-2) mais encore nettement discernables (au centre du cliché 1 et 2), c’était autrefois le logis du représentant du seigneur. La façade ornée de deux cordons de pierre porte la date de 1575 formée par des ancres de fer. La partie gauche, plus basse, forme une aile qui porte sur la façade arrière (3) la date de 1585 (4). Il semble que la ferme occupait autrefois tout le terrain au nord jusqu’au ruisseau de Prailes où s’étendaient de longs bâtiments agricoles (vestiges, transformés en logements), sans doute les écuries où, selon la tradition, les Berlaymont faisaient élever leurs chevaux, un haras à Aubrives qui l’eut cru ?
Alain Sartelet
À Aubrives, au 25 de la ruelle de l’Abreuvoir, subsiste la demeure de Jacques Mestellart gestionnaire de la seigneurie de Hierges pour les comtes de Berlaymont au 17ème siècle. On peut y voir au-dessus de la porte une sculpture assez inhabituelle, une tête de guerrier (1-3) portant une cuirasse et un « morion » sorte de casque (2) très répandu dans les armées de la Renaissance et en particulier dans l’armée espagnole. La figure paraît bien farouche avec ce regard impérieux et cette barbe qui se tortille au vent, ce n’est pas un simple soldat, c’est une figure héroïque, comparez là avec cette gravure de la fin du 16ème ou du début du 17ème siècle représentant Mars, le dieu romain de la guerre (3). C’est probablement le même dieu mais revu et corrigé dans le style du temps. Cette mystérieuse sculpture provient peut-être du château de Hierges et elle aurait été réutilisée à Aubrives après la Révolution, une séduisante hypothèse non ?
Alain Sartelet
Voici presqu’un an disparaissait la grange abbatiale de l’abbaye cistercienne de Félix Pré (ci-dessous, en juillet 2015). L’intervention décisive du maire de Givet, après un joli remue-ménage sur « les réseaux sociaux », a permis non pas de stopper l’opération de démolition déjà presque achevée mais de sauver et même de rapatrier en France la clé du portail sculptée en 1763 aux armes de l’abbesse du temps, la très noble et pieuse Dame Bernarde de Ratsky de Salamonfa. La pierre a été remisée par la ville mais où est-elle aujourd’hui ? Ce témoin de l’important passé religieux de la région mériterait de trouver un lieu où tous puissent le voir.
Alain Sartelet