
Givet possédait au 18ème siècle un jardin « botanique » installé le long de l’hôpital militaire à l’endroit sur la photo où poussent de grands arbres. Ce terrain en bord de Meuse, très bien exposé à l’abri derrière le rempart du quai recevait le soleil toute la journée. On y cultivait des plantes médicinales pour les besoins de la pharmacie militaire. En 1787 le jardin était quasiment à l’abandon, les plantes venaient d’ailleurs, comme le faisait remarquer le docteur Simon, chirurgien major : « le sol varié de nos campagnes produit des plantes de toute espèce, presque d’aussi bonne qualité que celles qui croissent dans la partie méridionale de la France ; l’on peut s’en procurer aisément et à peu de frais » La campagne autour de Givet c’est comme la Provence !
Alain Sartelet

Regardez ce détail (très agrandi) d’un plan conservé à la Bibliothèque Nationale, le dessinateur, vers 1680, a représenté la tour Maugis ou tour de La Marck, construite au 15 ème siècle probablement par Maugis de la Marck un parent du comte d’Agimont, seigneur de Givet. C’était une magnifique tour d’artillerie hérissée de meurtrières, elle protégeait Givet et la route de Philippeville du haut de son énorme cône de marbre rouge. Ne la cherchez plus elle a été entièrement rasée, seul subsiste le rocher qui fait aujourd’hui le cœur du fort Condé. Il n’y a plus désormais que ce très précieux dessin pour nous donner une image fidèle de la tour.
Alain Sartelet

Posée aux pieds du vénérable clocher de l’église Notre-Dame du Petit-Givet, cette superbe borne de pierre bleue est la seule qui subsiste de celles qui clôturaient jadis les possessions givetoises de l’abbaye Saint-Hubert dont on reconnait, sculptée dans la pierre, la belle crosse abbatiale aux enroulements ornés de feuillages, un vestige trop souvent méconnu. A l’emplacement de l’actuelle rue Oger se trouvait au moyen-âge la « Cour Saint-Hubert » enclos fortifié avec granges et chapelle, siège fiscal et judiciaire des abbés de Saint-Hubert. Rappelons que Saint-Hubert (626-727), le révéré patron des chasseurs possédait ici une résidence épiscopale et que selon la légende il accomplit à Givet un miracle en faisant pleuvoir et remonter le niveau trop bas de la Meuse…
Alain Sartelet

Autrefois il était de bon ton pour les habitants fortunés ou titrés ou encore pour les officiers de la garnison de se faire inhumer à l’intérieur des églises de Givet et de Charlemont. De nombreuses dalles funéraires sculptées dans cette magnifique pierre d’un noir si profond témoignent d’un art oublié superbement représenté à Givet. Outre l’intérêt historique indéniable ces dalles présentent un intérêt héraldique, elles sont toutes armoriées et on peut souvent y voir des symboles tels que des crânes avec des os croisés ou comme ici (photo) des ailes de chauve-souris (dalle de 1716). C’est fait pour faire peur ? dans un sens oui ! c’est un rappel, un MEMENTO MORI (rappelle-toi que tu vas mourir) car autrefois la mode était à la convivialité avec la mort comme en témoignent ces bagues en or émaillé du 17ème siècle !
Alain Sartelet

Ce modeste objet de bois, révélé par Monsieur Pierre Cartiaux est conservé pieusement dans l’église Saint-Hilaire de Givet. Il s’agit d’une crécelle du 18ème siècle (?) provenant de l’église du fort de Charlemont incendiée en 1914. C’est un objet insigne, un rare vestige de cette église, sœur jumelle de celle de Hierges et dont la construction remontait à 1588. Une inscription ancienne tracée à l’encre sur le bois atteste de la provenance de ce curieux objet dont la fonction est bien oubliée aujourd’hui. La crécelle était autrefois en usage au moment du Vendredi Saint lorsque les cloches d’une église restaient muettes en signe de deuil en mémoire de la mort du Christ. On ne pouvait alors comme d’habitude sonner les cloches pour annoncer les offices. Un enfant de chœur était alors chargé de faire retentir la crécelle par les rues pour convier les fidèles à venir assister à la messe.
Alain Sartelet


N’est-il pas trognon ce petit gamin figuré sur ce détail d’un beau plan de Charlemont dessiné en 1708 (conservé à la médiathèque de Sedan) la guerre semble ici un jeu, ce marmot boutant le feu à un canon orné de fleurs de lys est-il un fils de Mars à qui il a dérobé un casque trop grand pour sa petite tête d’enfant et qui lui cache les yeux, l’empêchant de voir où il tire ? Une pointe d’humour chez un collaborateur de Vauban, c’est plutôt rare !
Alain Sartelet
Le nom de « Grands-Jardins » s’est transmis jusqu’à nous. A l’époque de Louis XIV ce nom désignait un quartier situé aux pieds du mont d’Haurs le long de la Meuse en face de la grande caserne qui jouxtait la porte de France. D’après les plans qui subsistent il y avait là de petits pavillons et des jardins réservés aux givetois un peu fortunés qui venaient y gouter un air moins confiné que celui de la ville. Si l’on en croit un des plans il y avait là de véritables petits jardins « à la Française » avec parterres et buis taillés, tout un art de vivre…mais il a pu y avoir aussi des vergers et potagers, Givet était au 18ème siècle réputé pour ses fruits et notamment ses melons !
Alain Sartelet

Regardez bien ces deux clichés, l’église de Hierges fondée en 1579 et celle de Charlemont reconstruite en 1588 (le transept ajouté dans le même style date de 1687) il y a comme un air de famille non ? Mêmes silhouettes, mêmes grosses pierres brutes aux angles et aux fenêtres (des « bossages » en terme technique) la ressemblance était encore plus flagrante autrefois car l’église de Charlemont avait un bulbe sur son clocher comme à Hierges. Nous étions alors en terre du royaume d’Espagne, l’église de Charlemont était dédiée à Saint-Charlemagne, le saint patron de la dynastie des Habsbourg (la famille de Charles Quint), l’église de Hierges conserve un vitrail de 1616 orné d’un magnifique Saint-Charlemagne…la raison de ces ressemblances est toute simple, les commanditaires de l’église de Hierges et les gouverneurs de Charlemont sont à cette époque des Berlaymont, une très puissante famille qui a certainement utilisé les services d’un même architecte ! Hélas l’église de Charlemont n’a pas résisté au bombardement de 1914 et seules les bases subsistent.
Alain Sartelet


Jolie, cette carte postale des années 60 avec cette barque citronée fraîchement repeinte de neuf. Un après-midi d’été plein d’insouciance, on flâne les pieds plongés dans l’eau fraîche de la Meuse. Vous sentez ce délicieux parfum de grandes vacances, ce doux souvenir d’enfance aux couleurs de bonbons KREMA ?
Alain Sartelet
Le fort Condé fait depuis un bon moment l’objet de travaux de restauration exemplaires. Nous assistons à une véritable renaissance de cette authentique chef d’œuvre de l’architecture militaire du début du règne de Louis XV. Construit à partir de 1725 à l’emplacement de la vieille tour Maugis (une tour d’artillerie du 15ème siècle due aux La Marck, seigneurs d’Agimont et de Givet) le fort de Condé, peu à peu délaissé était en ruines. Il faut voir ce qu’il est devenu aujourd’hui et admirer le talent des hommes de l’art qui travaillent ici à redonner tout son lustre à cet édifice qui avec son extraordianaire salle centrale circulaire (photo) et ses galeries souterraines constellées de meurtrières constituait un verrou infranchissable, interdisant les abords du fort de Charlemont. Allez voir, il se passe là quelque chose de merveilleux, une renaissance je vous dis…
Alain Sartelet
