Louis-Philippe, vous avez reconnu son prénom c’est celui du dernier roi des Français déposé par la Révolution de 1848 (Louis-Philippe Ier 1773-1850). Lorsqu’il était jeune, ce prince, alors duc de Chartres et cousin du roi Louis XVI vint à Givet prendre la tête du régiment dont il était colonel-propriétaire (à 14 ans !), le régiment Royal-Chartres-Infanterie (étendard ci-dessus à droite). Le prince, passionné par la chose militaire, resta trois jours à Givet, visita les fortifications dans les moindres détails. La ville l’accueillit sous les salves d’artillerie et donna de brillantes réceptions dont les chroniqueurs se firent l’écho. Il assista à plusieurs manœuvres, en repartant il rencontra 10 jeunes recrues qui furent chacune gratifiées d’un louis d’or (ci-dessous, un louis d’or de 1787).
Alain Sartelet
Si l’on en croit ce détail d’un dessin du fort de Charlemont en 1580, le fort ou demi-lune de Rome qui existe encore de nos jours (le triangle sur la vue aérienne ci-dessus, quai de Rome) était alors protégé par un enchevêtrement de pieux plantés en plein fleuve pour en interdire l’approche. Ce dispositif voulu par les armées espagnoles n’est pas sans rappeler la célèbre et colossale digue construite sur ordre de Richelieu lors du siège de La Rochelle en 1627-1628 (ci-dessous). A Givet, seul en étroit passage permettait aux navires de passer, la Meuse était fortement contrôlée alors en raison de son importance stratégique pour le transport des troupes, des vivres et de l’artillerie.
Alain Sartelet
Blottie contre le chevet de l’église Saint-Hilaire, cette superbe résidence est la plus belle de Givet. Construite après l’incendie de 1675 qui détruisit toute la ville, elle est restée intacte. Parfait exemple d’hôtel entre cour et jardin (ici limité à une étroite bande longeant le quai ou fleurit une glycine multiséculaire) Son histoire reste à écrire mais elle fut habitée par des membres d’une riche famille de notables au service du roi et du comté d’Agimont, les marquis d’Escajeul de Liancourt. Ici règne tout le charme des constructions « à la française », hautes toitures, très hautes cheminées sans parler du remarquable décor intérieur où l’on voit des marbres rouges d’une qualité exceptionnelle digne des plus beaux porphyres de l’Antiquité Romaine. Tout ici évoque le « Grand Siècle » de Louis XIV y compris les fleurs de lys de fer servant de tirants dans les façades (ci-dessous) Le superbe balcon est une rareté ici, il montre à quel point on appréciait autrefois le spectacle du fleuve et de l’intense activité qui y régnait, coches d’eau, nef de ville, radeaux de bois flotté, toute une vie disparue…
Alain Sartelet
Seul le nom de cette ferme survit de nos jours (rue de la Praisle), elle a été rasée, mais nous la voyons sur des clichés anciens (ci-dessus, agrandissement d’une carte postale de 1900) on y distingue un corps de logis et une grosse grange au premier plan. Elle n’avait pas changé depuis sa construction qui remontait à 1638 selon une inscription. En 1638, on était alors ici en plein Pays-Bas Espagnols, Philippe IV d’Espagne était roi et Louis XIII régnait de l’autre côté des frontières et son fils venait de naître (le futur Louis XIV) Très ramassée sur elle-même, avec très peu d’ouvertures sur l’extérieur c’était bien là une ferme presque fortifiée, témoin de temps troublés par les guerres.
Alain Sartelet
La chapelle de Notre-Dame de Hal se trouvait jusqu’au 18ème siècle à gauche en sortant de Givet Notre-Dame par la porte de Rancennes, sur le plan ci-dessus on la voit en rouge avec le logis pour l’ermite qui la gardait. (le pont de la porte de Rancennes est en bas à gauche). Ce culte faisait référence à la statue miraculeuse de Hal en Belgique, une petite Vierge noire qui protégea la ville de Hal des boulets de canon, déposés en offrande par les habitants dans l’église du lieu (ci-dessous) Ces boulets sont toujours représentés sur les médailles et images sous la Vierge (ci-dessus à gauche, rangés sur le nuage !) La protection divine contre l’artillerie, voilà qui devait être apprécié des militaires en garnison à Givet !
Alain Sartelet
Lorsque le poisson ne mord pas, le vent va se lever, voilà le sens de ce proverbe forgé autrefois sur les rives de Meuse par les pêcheurs observateurs du temps qu’il fait et de ses conséquences sur les cultures, la chasse ou la pêche…joli, non ?
Alain Sartelet
On dirait le titre d’un film de science-fiction !!! Mais à la fin du mois d’octobre 1826, sous le règne du roi Charles X, les habitants de Givet observèrent dans le ciel un très brillant météore qui explosa si violemment que les habitants crurent à l’explosion du fort de Charlemont ! Le phénomène a été décrit et publié dans les Mémoires de l’Académie Royale des Sciences, c’est tout dire ! Ce devait être la chute d’une météorite (ces vagabonds de l’espace !) qui explosa en se désagrégeant dans l’atmosphère terrestre, un phénomène bien connu des astronomes !
Alain Sartelet
Vous connaissez tous la légende de Saint Hubert et du cerf dont les bois portaient une croix diffusant des rayons de lumière, il y a d’innombrables tableaux, dessins, statues ou vitraux sur ce thème ! A Givet il y eut une chapelle dédiée à ce saint, elle se trouvait au débouché de la porte de Luxembourg du Petit-Givet à proximité de la ferme de Praisle. Nous connaissons heureusement le texte de l’inscription qui s’y trouvait : « EN L’HONNEUR DE DIEU ET DE SAINT HUBERT BARBE LEGRAND VEUVE DE FRANCOIS MARECHAL A FAIT BATIR CETTE CHAPELLE EN 1736 » L’édifice était encore debout en 1823, sur le cadastre on voit que c’était une minuscule chapelle carrée. On devait y invoquer le saint patron des Ardennes et des chasseurs pour la guérison de la rage.
Alain Sartelet
Cette splendide plaque ronde en pierre sculptée est aujourd’hui le seul vestige de l’ancien hôtel de ville de Givet bâti à partir de 1696. Elle ornait le centre du fronton jusqu’à la fatale démolition de 1903 (la plaque en position d’origine sur la photo à droite) Cette plaque est aujourd’hui invisible du public, abritée croyons-nous, par les services techniques de la ville mais elle mériterait une mise en valeur digne de l’intérêt qu’elle représente. Si elle ne date pas de 1696, elle date néanmoins du 19ème siècle (son style le prouve aussi) elle serait postérieure à la réunion de la ville de Charlemont aux deux Givet. A noter que les couleurs sont fautives le fond de la croix d’or de Saint André des armes de Charlemont (en haut, sous la couronne murale) doit être bleu, et le fusil doit être rouge et non marron et or. Ne pourrait-on pas trouver un emplacement dans le vieux Givet pour remettre cet emblème à l’honneur, un emblème extrêmement chargé d’histoire qui renvoie au passé Bourguignon, impérial et espagnol de la cité et à ses fortifications. Avis aux édiles…
Alain Sartelet
Voici à quoi ressemblaient les nombreuses pêcheries ou « vennes » établies autrefois dans la Meuse et dans la Houille. C’était un système de grands pieux plantés dans le milieu du lit du fleuve et entrelacés de roseaux et de branchages, le tout en forme de gigantesques entonnoirs, véritables pièges à poissons. Une nasse ou un filet placé au petit bout permettait d’y recueillir toutes sortes de poissons, principalement des truites et des saumons. Cet usage immémorial a été abandonné en Meuse à la fin du 18ème siècle mais s’est poursuivi ailleurs (ci-dessus une pêcherie identique à celles de Meuse vue vers 1900 dans la baie du Mont-Saint-Michel) La pêche était autrefois un privilège seigneurial ou réservé aux abbayes, à Givet celle de Félixpré par exemple. Ci-dessous, sur un plan de 1734, les deux grands V sont les pêcheries de Laval-Dieu.
Alain Sartelet